Le chemin de Stevenson en autonomie - Jour 1
Réveil au lever du jour vers 6H, j'ai la forme! Je décide de partir rapidement. À 7H le campement est plié et je commence à descendre en direction de Coubon. Le Carrix pousse un peu dans la forte descente goudronnée, j'arrive tranquillement au village, traverse le pont au-dessus de La Loire et remonte de l'autre côté de la vallée en direction du Monastier.
Plusieurs questions me taraudent? Quelle est la réalité de ce voyage maintenant qu'avec Olivia nous suivons des chemins séparés? Ai-je vraiment envie de rallier l'Inde à pied? Suis-je assez fort mentalement et physiquement pour assurer ce voyage seul? Je ne crois pas, nous avons monté ce voyage ensemble à partir d'une idée d'Olivia. Nous pensions que c'était un bon moyen de vivre ensemble, mais la vie à deux est plus compliquée qu'il n'y paraît... Mais je ne reviendrais pas en arrière. L'année dernière fut compliquée, semée de doute, de moment de détresse aussi bien dans ma vie personnelle que professionnelle! Faire un point avec moi-même me fait du bien, beaucoup de bien!
Et c'est ainsi que j'arrive au Monastier, première étape du Chemin de Stevenson. Il est 11H du matin, j'ai eu le temps de faire le plein d'eau à une fontaine, je continue mon chemin. En descendant, je dépasse un groupe de femmes visiblement parties du Monastier, on échange un bonjour. Arrivé au bas de la pente je fais une pause, les deux premières femmes me rattrapent et avant de repartir on échange quelques mots. Le sentier est jonché de grosses pierres que le carrix déplace ce qui ne me facilite pas la tâche! Arrivé au sommet bien transpirant, je fais quelques photos depuis le petit plateau et c'est reparti jusqu'au hameau du Cluzel où je décide de casser la croute.
Pendant que je faisais cuire à la vapeur la moitié de mon brocoli, le groupe de femmes arrive à ma hauteur. Très curieuses, elles me demandent d'où je viens et où je vais?
- Je viens de Paris
- Ah, ça change du métro, me répond l'une d'elles
- Ah non, je viens de Paris à pied
- Houlala courageux!
On continu à échanger...
- La vie est belle non? Finissent elles par me dire. Bon à tout à l'heure.
Et c'est ainsi que j'ai mangé su ma table mes pâtes au brocoli avec un morceau de gruyères et quelques fruits secs pendant que le paysan du coin, un peu du genre vieux garçon, faisait des aller-retour entre ses poules, la maison du voisin et chez lui en me regardant du coin de l'oeil sans m'adresser la parole.
Une petite sieste et c'est reparti, direction le Goudet où je suis censé traversée La Loire pour la dernière fois. En entamant la descente, je retrouve ce fameux groupe de femmes en train de repartir, je finis par leur demander de prendre une photo, elles acceptent volontiers et elles me disent de les appeler « Les grands-mères du Stevenson ». Elles sont de la Haute-Loire et certaines d'entre elles marchent ensemble depuis plus de 30 ans.
- Passe devant Guillaume me lancent elles!
Et c'est ainsi que je suis descendu jusqu'au Goudet par un chemin bien abrupt, mais tout s'est bien passé. Après avoir traversé La Loire (toute petite à cet endroit), la remontée fut raide et la charge d'une trentaine de kilos dans la charrette s'est bien fait sentir! C'est dans ces moments de fatigue que l'esprit s'éclaircit pour ne laisser place qu'au vide. Même si l'effort est dur à soutenir, le bonheur d'arriver au sommet apporte une bonne satisfaction personnelle.
Comme j'avais fait le plein d'eau dans les toilettes publiques de Saint Martin de Fugères, j'ai filé assez rapidement au passage du village d'Ussel et au hameau des Bargettes. Mais je commençais à être bien fatigué et en arrivant au sommet de la montée au-dessus des Bargettes, mon corps ne suivait plus. Il était 17H quand je me suis allongé dans les grandes herbes, achevé par cette longue journée de marche haute en couleur. Je n'ai même pas eu le courage de me relever pour faire un signe aux grands-mères qui sont passées à quelques mètres de moi sans m'apercevoir. Puis la soirée s'est achevée entre soleil et nuages. Après avoir roupillé, j'ai installé mon campement!
Ce que j'ai mangé ce soir-là
Pour ne pas trop changer, j'ai mangé un steak de tofu au sésame avec une soupe et un morceau de gruyères...
Ce que j'ai lu ce soir-là
Le chapitre 2 du livre « Se changer, changer le monde »
Se libérer d'une société aliénante par Christophe André
Médecin psychiatre, il est l'un des premiers à avoir introduit la méditation en psychothérapie, à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris.
Il est fondamental de s'occuper de soi-même non par nombrilisme ou par égoïsme, mais pour protéger et restaurer ce qui fait notre humanité: notre intériorité.
Et cette intériorité est menacée par une certaine forme de modernité. Ainsi, plus nous devenons des consommateurs, des machines à acheter, à suivre la mode, à regarder la télé ou d'autres écrans, moins nous sommes des humains... Et moins nous sommes humains, plus nous devenons une menace pour les autres humains et pour la terre entière
Et comme le disait Martin Luther King dans son dernier discours, quatre jours avant son assassinat :
Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots
Il est aujourd'hui prouvé que plus une société ou un individu sont matérialistes, plus ils s'éloignent du bonheur. Nous avons la chance de vivre une époque extrêmement riche et passionnante, mais qui plus que jamais nécessite que nous ayons, sinon des repères et des valeurs, du moins ce que l'on appelle dans les pratiques méditatives, une « intention ».
Il faut se changer soi pour changer le monde, car on ne peut pas (ou pas seulement) changer le monde sur une impulsion, mais sur la durée et la continuité. Parce que le changement, ce n'est pas (ou pas seulement) détruire ce qui ne va pas, mais construire ce que l'on veut voir émerger. Pour ces raisons, si nous ne portons pas en nous les vertus que nous voulons voir à l'oeuvre dans le monde, si nous ne les incarnons pas de notre mieux, nous ne pourrons pas « contaminer » les autres, nous ne pourrons pas résister à la difficulté et à l'adversité.
Les trois pistes d'actions de Christophe André pour êtres présents à nos vies
La détox digitale
Que peut-on faire pour améliorer cette présence à notre vie? Pour nous affranchir, par exemple, des dépendances digitales?
- Faire en sorte que notre premier geste de la journée ne soit pas d'allumer notre ordinateur et de consulter nos mails ou notre mur Facebook, mais de nous asseoir, de respirer, de méditer.
- Prendre la décision, plusieurs fois par jour, de ne pas répondre au téléphone ou à nos mails et de simplement nous concentrer sur ce que nous sommes en train de faire au travail, avec nos proches.
- Alors, avant de vouloir changer le monde, avant même de vouloir changer nous-mêmes, nous ferions peut-être mieux de commencer par revenir à notre intériorité, à observer ce qui s'y passe, à choisir de nous en occuper et, à partir de là, de reprendre le cours de nos existences, en étant conscients et attentifs des choix que nous avons à faire.
C'est là que les changements commencent. En prenant seuls la décision de nous rendre davantage présents à notre vie, nous nous rendons également plus présents pour nos proches, et c'est extrêmement contagieux.
Manger en pleine conscience
Lorsque nous sommes face à un plat ou à notre assiette, sommes-nous capables d'écouter notre corps et de nous demander : « Est-ce que j'ai vraiment envie ? Est-ce que j'ai vraiment besoin de manger ce qui m'est présenté ? Est-ce qu'il faut que je force mes amis, mes enfants à finir ce qui est dans leur assiette ? »
Mais il y a aussi beaucoup d'autres choses à faire: chaque fois que possible, demander les plus petites portions. Militer pour que la tendance malsaine à surdimensionner les parts soit dissuadée.
Tout seul, c'est compliqué, nous avons besoin d'associations qui prennent le relais, militent et rouspètent pour interrompre ces gâchis. Et nous devons les soutenir dans leurs actions.
Cultiver la gratitude, la générosité
Chaque jour de notre vie, nous rappeler que tous nos bonheurs viennent de ce qui nous entoure: gratitude ! Alors, chaque jour:
- faire quelque chose pour un autre humain (un sourire, un réconfort, un don, une aide, une prière) ;
- et quelque chose pour la Terre (l'admirer, la remercier, la protéger) ;
- puis ne pas oublier de faire quelque chose pour nous (nous accorder un moment de plaisir, de tranquillité, de sens, en pleine conscience) !
Aimez tout : la vie est belle! Et donnez beaucoup : elle est encore plus belle lorsqu'on partage !
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