Le chemin de Stevenson en autonomie - Jour 5

Mont Lozère

La nuit fut fraiche ! De la rosée s'est déposée sur le sursac mais je n'ai pas le temps d'attendre que ça sèche. Je suis levé depuis 5H du matin pour profiter du lever de soleil qui s'avère moins beau que ce dont j'espérais, car des nuages bouchent la vue !

Lever de soleil depuis le Mont Lozère

Lever de soleil depuis le Mont Lozère

Lever de soleil depuis le Mont Lozère

Je suis pressé, car hier j'ai appelé un gîte que mon ancienne prof de sport à Mâcon m'a conseillé d'aller, car ce sont des amis à elles. Lorsque j'ai eu Alain, le propriétaire du gîte hier pour réservé pour ce soir, il m'a dit qu'il n'avait pas de place, mais surtout qu'il avait du mal à imaginer la possibilité d'arriver en une journée du Mont Lozère à chez eux sauf si je cours ! J'avais pourtant bien regardé sur la carte, mais ça avait l'air faisable d'après moi ! Bon c'est vrai il y a surement 50 kilomètres dont deux grosses montées et trois grosses descentes. C'est complètement débile de se mettre des challenges comme ça les jours où j'ai mal au genou ! Vraiment débile j'avoue, mais j'ai envie de m'amuser un peu dans ma marche solitaire !

Départ

Et c'est parti après avoir avalé le reste de riz que je n'avais pas fini la veille. Descente sur le Finiels ou je trouve de l'eau. Puis traversé d'un grand plateau jonché de blocs granitiques qui appellent à être grimper ! Et je finis par descendre sur Le Pont-de-Montvert en donnant un petit coup d'oeil dans le rétro afin d'apercevoir une dernière fois le Mont Lozère au fond de la vallée.

Descente sur Finiels

Arrivée sur Finiels

Le Mont Lozère

Au dessus du Pont-de-Montvert

Je fais une pause après avoir traversé le Tarn, je refais le plein d'eau au lavoir et je décide de prendre la petite route qui remonte afin de rejoindre le GR qui m'a paru très accidenté lorsque je l'ai vu depuis le chemin de descente du Mont Lozère. Je gagne pas mal de temps, car je peux marcher tranquille sur la route très peu fréquentée.

Traversée du Tarn

Le Pont-de-Montvert

En arrivant au sommet, je continue sur le chemin forestier jusqu'au sommet. J'arrive bien transpirant au sommet, je croise un couple de randonneurs très sympa et pendant que nous discutons quelqu'un arrive et demande si nous n'aurions pas vu une randonneuse égarée ? On arrive à perdre les gens maintenant ? Bon, elle veut appeler et son portable ne passe pas, elle est super stressée ! Je lui prête mon téléphone, elle passe un coup de sans-fil ! Pas plus avancé, mais bon, je continue de mon côté en prenant le GR 72 afin de couper en direction de Cassagnas sans passer par Florac, ça doit raccourcir l'itinéraire du chemin de Stevenson de presque 40 kilomètres.

À 12H30 je décide de faire une pause, je suis levé depuis 5H du mat', ça commence à être dur ! D'autant plus que mes affaires doivent sécher donc redéballage de tout ce qui est mouillé ! Une petite sieste d'à peine 10 minutes et c'est reparti sous le soleil brulant du début d'après midi. Si je veux avaler les 50 kilomètres dans la journée, je n’ai pas trop le choix ! J'oublie mon genou droit pour l'après-midi...

Pause de midi

Descente sur le GR 72

Arrivé à Cassagnas après une longue descente, j'essaye de trouver une fontaine. Rien. Je décide de descendre jusqu'au gite au bas de la vallée et noté sur la carte.

Cassagnas

En arrivant au gîte d'étape, de nombreux randonneurs me voient arriver avec ma charrette. Je dis bonjour poliment, la conversation s'arrête là. J'ai besoin d'eau pour continuer... Je rentre dans l'auberge, j’attends 5 minutes dans l'entrée, personne ne se pointe ! Je prends l'initiative d'aller aux toilettes pour faire le plein de mes trois litres d'eau. En sortant le patron à fait son apparition derrière le bar, il me regarde interloqué avec des yeux qui me font bien comprendre un « Qu'est-ce que vous faite ici ? ». Je lui explique rapidement que j'avais besoin d'eau et que j'ai pris l'initiative de me servir moi-même... Je lui demande combien je lui dois par politesse en sachant pertinemment la réponse. Non pas de problème... Résultat des courses je ne sais pas ce qu'il a pensé du jeune culotté qui est allé se servir de l'eau sans demander ! Mais bon je suis déjà parti en direction du Plan de Fontmort par la route, car la remontée à l'air longue et je sais qu'en passant par la route je gagnerais du temps...

Une source

Arriver au sommet je me pose quelques minutes sur une table de pic nique histoire de souffler un peu. Deux personnes sont en train de se préparer pour partir en balade, il est déjà 16H, bizard mais bon... Il s'approche et nous commençons à discuter. Le gars me demande si mon téléphone a du réseau ? Car il doit passer un coup de sans-fil avant de partir, sa femme vient d'être hospitalisé à Lyon... J'accepte volontiers de prêter mon portable pour qu'il gère son histoire, il a l'air un peu stressé, si ça peut aider !

Je repars en direction de Saint-Germain-de-Calberte par le GR... Il est déjà tard, je pensais arriver au gîte du pont du Burgen chez les amis de ma prof de sport vers 18H, mais je me rends bien compte que ça risque d'être compromis ! Il reste au moins 2 heures de marche...

À ce moment-là, je passe devant un genre de cabotte en pierre (c'est comme ça que ça s'appelle en Bourgogne!). Ça me paraît cool pour passer la nuit, par contre je n'ai pas assez d'eau ! Il faut que je trouve une solution et normalement je devrais pouvoir en trouver un kilomètre plus loin au Serre de la Can... Je dépose le Carrix dans la petite maison de pierres et pars avec mon sac à dos pour remplir mes bouteilles.

Maison en pierre

À peine je dépose la charrette que mon genou droit se fait connaître, j'essaye de faire un pas, mais j'ai l'impression que je vais m'effondrer... Ça me fait tellement mal ! Je crois que je n'avais pas eu aussi mal depuis la première fois en Nouvelle-Zélande, alors que je courais avec un ami italien il y a plus de 7 ans...

Je décide de faire quelques étirements, de toute façon si je veux rester là ce soir il me faut de l'eau... Donc je pars tant bien que mal et arrive tout tranquillement dans un genre de village vacance.

J'avance en quête d'eau, mais aucune fontaine ne pointe son nez. Je finis par demander à l'hôtel si ils peuvent me dépanner. La dame me dit gentiment de remplir mes bouteilles au lavabo des toilettes. Je la remercie et repars.

En partant je croise un type avec un cigare, une chemise teintée de rose à la limite d'avoir des santiags... On se regarde, je lui dis bonjour... Je sais qu'il m'a vu passer dans l'autre sens et qu'il se demande ce que je fous chez lui ? Je continue d'avancer parce que je n’ai pas envie de lui parler... Je sais qu'il me regarde pour savoir dans quelle direction je vais ? Je décide de faire semblant de partir en direction de Saint-Germain-de-Calberte parce que si je pars de l'autre côté il me demandera ce que je suis venu trainer chez lui... Après 50 mètres, je m'arrête 5 minutes et je repars vers mes affaires qui se trouvent un kilomètre plus haut. Le gars n'est plus là, je n'ai même aucune idée de ce qui aurait pu se passer, mais je n'avais simplement pas envie de lui parler !

Retour à ma cabane de pierre où je passe ma soirée à faire des étirements, me faire à manger... De toute façon je suis explosé. J'ai au moins dû faire 40 kilomètres aujourd'hui, il a fait chaud, j'ai bien mal au genou droit, je sais que je suis débile de tirer dessus comme ça, mais bon d'un autre côté ça me fait du bien d'avancer. Un vieux sage dirait que je le paierais plus tard, eh bien tant pis pour le vieux sage aujourd'hui, mais je décide tout de même de faire une plus petite étape demain.

Maison en pierre

Maison en pierre

Ce que j'ai mangé ce soir-là

Il me reste du riz et de la crème soja. Il me reste de la soupe, mais je n’ai pas envie d'en manger... J'ai des gaufres au miel que je mange le temps que le riz est en train de cuire et parce que je suis affamé.

Ce que j'ai lu ce soir-là

Bon là je vais quand même regarder ce qui se passe au niveau de mon genou ! J'ai un livre en version numérique qui s'appelle « Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi ? » de Michel Odoul.

dis moi où tu as mal je te dirais pourquoi? Michel Odoul

En une simple recherche, je trouve ça

Le genou

C'est la deuxième articulation de la jambe, celle qui sert à plier, à se plier, à se mettre à genou. C'est l’articulation de l’humilité, de la souplesse intérieure, de la force profonde, à l’opposé du pouvoir extérieur qui donne la rigidité. Il est le signe manifesté de l’allégeance, de l’acceptation, voire de la reddition et de la soumission. Le genou représente la « porte de l’Acceptation ». Il est le pendant, la continuation de la hanche dont il prolonge la mobilité, mais dans le sens inverse. La hanche est une articulation qui ne peut en effet plier que vers l’avant alors que le genou ne peut plier que vers l’arrière. Il signifie donc la capacité à lâcher, à céder, voire à reculer. C'est aussi l’articulation qui fait la bascule entre le Conscient et le Non-Conscient. Il représente ainsi l’Acceptation d’une émotion, d’un ressenti, d’une idée qui émerge du Non-Conscient vers le Conscient, si nous sommes dans le processus de Densification ou bien, à l’inverse, qui va vers ce Non-Conscient depuis le Conscient, si nous sommes dans le processus de Libération. C'est l’articulation majeure de la relation à l’autre et de notre capacité à accepter ce que cette relation implique comme ouverture, voire comme compromis (je n’ai pas dit compromission). Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que « genou » peut aussi s’écrire « je-nous »...

Les maux du genou

Il est facile de déduire que lorsque nous avons mal à un genou, cela signifie que nous avons de la difficulté à plier, à accepter un vécu particulier. Nous sommes au niveau des jambes, la tension est donc d’ordre relationnel avec le monde extérieur ou intérieur, avec les autres ou avec soi-même. Les douleurs ou problèmes « mécaniques » aux genoux signifient qu’une émotion, un ressenti, une idée ou une mémoire en rapport avec notre relation au monde ne sont pas acceptés, voire refusés. Il s’agit de quelque chose qui est vécu dans le Conscient et qui bouleverse, chamboule, perturbe nos croyances intérieures et que nous refusons intérieurement. Il peut s’agir, à l’inverse, d’une émotion, d’un ressenti ou d’une mémoire qui émergent du Non-Conscient (message du Maître Intérieur) et que nous avons de la difficulté à « accepter », à intégrer dans notre quotidien, dans notre Conscient, car ils y perturbent, bouleversent des « habitudes » ou des croyances reconnues et établies.

Si c’est le genou droit, la tension est en relation avec la symbolique Yin (maternelle). Nous pouvons reprendre ici l’exemple que je citais précédemment de cet homme qui s’était blessé au genou droit au cours d’un match de football, alors qu’il venait de recevoir la lettre de demande de divorce de sa femme, divorce qu’il refusait. »

Que dois-je apprendre de ça ?

Est-ce que mon genou ne veut pas me dire que ce n'est pas vraiment mon voyage (en tout cas ce n'est pas mon idée, ce voyage). Je me force un peu à le faire, car j'ai pris certains engagements vis-à-vis des personnes qui nous ont aidés financièrement dans ce projet ! Ne faudrait-il pas que je revoie ma copie par rapport à ce voyage ? Je n’en sais rien... Je me dis que je souhaite tout de même rejoindre Alès à pied, je souhaite vraiment rencontrer Pierre Rabhi, puis descendre l'Ardèche en Canoë. Ensuite je sais qu'une amie m'a invitée chez elle pour que j'ai le temps de monter le film sur la flavescence dorée. Le temps de faire une pause et de se reposer en tout cas physiquement... La vie n'est pas un long fleuve tranquille, il faut savoir accepter ses faiblesses et pour le coup j'ai vraiment mal au genou ! Bon aller, je vais me coucher en écoutant du Agnes Obel, car ce sont les seules musiques qui ont souhaité être intégré à l'ordi lorsque j'ai tout transféré depuis mon smartphone... Ça raisonne dans cette petite caverne de pierre !

En y repensant, lorsque j'avais eu aussi mal au genou il y a 7 ans alors que je courais avec un ami italien en Nouvelle-Zélande, je vivais une situation difficile avec une jeune femme que j'avais rencontrée en France quelques semaines avant de partir dans mon voyage d'un an de l'autre côté de la planète! Je ne pouvais pas vivre cette relation et il y avait une forme de résignation, de difficulté à plier. Drôle de coïncidence... Mon corps me parle, c'est évident!

Mots-clés: step by step, photo, randonnée, chemin de stevenson, cévennes

 

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Le realisateur de documentaire Guillaume Bodin au domaine de la soufrandiere à Vinzelles Guillaume Bodin

Je voulais devenir vigneron en biodynamie mais les traitements chimiques ont tout remis en question. Je me suis reconverti dans le documentaire.

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