Le chemin de Stevenson en autonomie - Jour 4

La nuit ne fut pas si terrible que ça sous ma table, il fallait juste ne pas se relever trop vite pour ne pas taper la tête !

Table de pic nique

Chasseradès

Chasseradès

Bosquet avec les lumières du matin

Après des œufs brouillés et quelques galettes de riz, je file vers le cimetière voisin pour faire le plein d'eau (il y a toujours de l'eau au cimetière).

Cimetière de Chasseradès

Puis j'avance jusqu'au village de Mirandol. Dans la descente j'ai l'impression qu'on me plante des couteaux dans mon genou droit ! Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé d'avoir si mal au genou...

Mais je continue quand même, quand on est borné... Mais de toute façon, je ne vais pas rester planté là. Je me suis toujours dit qu'il me faisait mal pour me limiter et éviter que j'en fasse trop. En fait je pense que c'est bénéfique pour l'ensemble de mon corps, ça évite que je tire trop sur la corde et que ça lâche ailleurs !

Mirandol

Enfin en remontant la montagne du Goulet au-dessus de l'Estampe, je me retrouve nez à nez avec un chevreuil qui courait sur le chemin. Je reste immobile et il m'aperçoit que lorsqu'il arrive à 3-4 mètres de moi ! Je le vois esquisser une grimace de peur, il fait un quart de tour et remonte en sautant tout le champ sur ma gauche... Je regarde son petit cul rebondir tout du long, c'est trop mignon ;-)

Lumière du matin

Arrivé au sommet je passe de l'autre côté en prenant un raccourci par un grand chemin forestier. La descente n'est pas mieux pour me genou que la précédente. Ahhhhh, je souffre qu'on m'ampute... Non quand même, ça fonctionne encore un peu ! Et il faut dire qu'avec 30 kilos dans le Carrix ça ne doit pas arranger les choses ! C'est ça d'avoir des grands projets...

Chemin de Stevenson

Vu sur le Mont Lozère

Hameau des Alpiers en Lozère

En arrivant au Bleymard

En continuant, je passe le hameau des Alpiers et file sur Le Bleymard ou je pense pouvoir faire des courses. Effectivement au pied de la descente je trouve un petit Carrefour qui propose quelques produits bio, je fais le plein, car je ne suis pas sûr d'en trouver beaucoup plus loin... Je ne peux résister à un bout de saucisse sèche, je sens vraiment que j'en ai besoin donc j'en prends pour deux jours, en plus elle est du coin. Je discute un moment avec le gérant du magasin un peu envieux de tout plaquer et de marcher. Un grand-père du village fait attendre sa femme pour me voir partir, il trouve l'idée du Carrix vraiment sympa.

Il est 11H, j'ai encore le temps de monter un peu au-dessus du Bleymard avant de manger un bout. Et je m'enfile la montée dans une ambiance assez chaude.

La station de Le Bleymard-Mont Lozère

Vaches au Mont Lozère

Vache à cornes

Après une pause casse-croute et une bonne sieste, j'arrive dans la petite station d'hiver du Mont Lozère, je fais le plein d'eau, car visiblement au-dessus, tout indique que je ne trouverais rien.

Puis j'entame la montée vers le Mont Lozère, il fait chaud, mais des nuages cachent un peu le soleil.

J'arrive dans l'ère du Granit, de nombreux Montjoies (poteaux en granit) jonchent le chemin pour se repérer en cas de brouillard. J'ai de la chance de faire cette étape aujourd'hui, car ils annoncent beau pour les prochains jours. Si j'avais été là hier, c'est sous les orages que je serais monté (ou pas, je tiens à ma vie quand même).

En montant au Mont Lozère

En montant au Mont Lozère

Puis j'arrive au col et découvre un fabuleux petit panneau interdisant de planter la tente et de passer la nuit à la belle étoile ! Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Aucune explication, je suis obligé de me trouver une raison. De toute façon j'ai prévu de dormir à la belle étoile au sommet du Finiels, le point le plus haut qui culmine à la fabuleuse altitude de 1699 mètres (désolé je suis de Haute-Savoie, du coup ce n’est même pas la plus petite montagne derrière chez moi!).

Col du Mont Lozère

Arrivé au sommet, je me pose un moment, je fais une série d'étirement, car vu comme mon genou me fait mal j'ai du mal à imaginer comment je vais redescendre demain matin de l'autre côté. Et malgré le panneau d'interdiction de bivouaquer, j'ai trop mal au genou pour redescendre dans la foulée.

Sommet du Finiels - Mont Lozère

Les nuages bourgeonnent, je ne sais pas comment ça va évoluer, mais mon instinct me dit que ça va s'éclaircir. Après quelques bananes (bio et équitable, ce n’est pas trop local, mais c'était les seuls fruits bio du petit supermarché de Bleymard), je m'affale et je pense avoir roupillé une bonne heure.

Je n’ai vu personne, mais au loin j'aperçois quelqu'un arriver. Une femme, je lui dis bonjour, j'imagine qu'elle me répond ? Elle passe à côté de moi, fais un tour sur les tables d'orientation et s'en va... Sympa ! Bon d'un autre côté est-ce que je ne fais pas tout ça pour me retrouver ?

Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

Je passe la soirée tranquille à rêver, le temps s'améliore, la soirée s'annonce étoilée ! Je veille un peu, mais je finis par m'effondrer, de toute façon je n'ai qu'à ouvrir les yeux pour regarder les étoiles. Durant la nuit j'admire la Grande Ourse et tous ces points lumineux scintillants dans l'espace... Je n'ai pas le courage de sortir du duvet pour immortaliser ce moment en photo, car il fait trop froid !

Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

A la belle étoile au Mont Lozère

Mont Lozère

Mont Lozère

Ce que j'ai mangé ce soir-là

Bon j'ai fais simple, comme je ressentais vraiment le besoin de manger un peu de viande, j'ai fini la saucisse sèche. Et puis je me suis fais du riz à l'abri du vent derrière les pierres.

Ce que j'ai lu ce soir-là

Le chapitre 5 du livre «  Se changer, changer le monde  »

Ensemble, faire germer le changement par Pierre Rabhi

Pierre Rabhi

Paysan philosophe d'origine algérienne, il est considéré comme le père de l'agroécologie. Il a fondé le mouvement Colibris.

L'une des raisons pour lesquelles je fais le chemin de Stevenson, c'est que je souhaite rencontrer Pierre Rabhi en Ardèche. Je veux arriver chez lui à pied et je trouvais ça plus sympa de passer par l'arrière-pays que par la vallée du Rhône. J'attends un coup de téléphone de son assistante pour me confirmer la possibilité de l'interviewer.

Pierre Rabhi se pose de nombreuses questions sur l'avenir de l'humanité. Nous sommes dans une phase infernale, celle de la combustion énergétique à outrance. On peut même dire que c'est la première fois que l'humanité est dépendante et piégée par des innovations censées la libérer : sans pétrole, sans électricité, sans moyens de communication, tout l'échafaudage s'effondre...

Aujourd'hui, plus que jamais, il ne faut surtout pas se tromper de réponse.

Si nous perdons le contact avec la nature dont nous faisons partie, alors nous perdons la relation avec l'humanité, avec les autres.
Krishnamurti

En prenant soin de la terre, on prend soin de l'humain, tout est relié. Or, si on schématise la situation, un cinquième de l'humanité consomme quatre cinquièmes des ressources. La croissance est invoquée comme la solution alors qu'elle est le vrai problème. Le changement global ne pourra venir que d'un changement humain. Si l'être humain ne change pas, rien d'autre ne pourra changer.

Les trois conseils de Pierre Rabhi pour se réconcilier avec la nature

Cultiver un potager

Si vous pouvez cultiver un jardin, lancez-vous. D'abord pour le rapport aux lois de la nature qui est extraordinaire. Les saisons nous enseignent la patience. En outre, cultiver un potager, ce n'est pas simplement produire ses légumes, c'est apprendre à s'émerveiller du mystère de la vie. Personne n'est capable de réaliser cette magie sinon la vie elle-même, avec cette subtilité, comme celle du corps humain. On plante une petite graine et, dans cette graine, il y a potentiellement des tonnes de graines. C'est magique que dans une petite graine endormie, insignifiante, il y ait une puissance de vie aussi considérable.

Cultiver son jardin, c'est aussi en quelque sorte un acte politique et légitime de résistance. Soit nous laissons les multinationales et l'affairisme planétaire nous nourrir en brevetant la vie, en nous rendant dépendants et en nous confisquant notre capacité d'assurer par nous-mêmes notre propre survie, soit nous cultivons nos jardins qui, en plus du bonheur que cela nous procure, nous relient aux forces vitales sans lesquelles nous n'existerions pas.

Incarner l'utopie dans nos choix de consommateurs

Nos choix de consommation sont importants. Cependant, chaque fois que je fais le plein d'essence, je donne de l'argent aux multinationales contre lesquelles je fulmine. Je ne peux nier les contradictions dans lesquelles je me trouve emprisonné. Nous sommes tous pris dans un système que nous ne cessons de récuser. Celui-ci, pour perdurer à recours à tous les stratagèmes subjectifs et symboliques afin de manipuler, avec la publicité, les consciences et de produire un consentement. On ne vend pas seulement de l'usage, mais aussi du rêve et du fantasme. Le temps est venu de sortir de l'envoûtement pour incarner les utopies créatrices d'un monde tangible fondé sur la conscience.

L'amour pour changer le monde

Si l'on part du principe qu'il ne peut y avoir de changement de société sans changement humain, le travail que chacun peut accomplir est celui qu'il fait soi-même, sur sa propre transformation. Et un travail important à mes yeux consiste à l'incarnation de l'amour dans sa relation avec ses semblables, même si c'est difficile. Je pense également qu'il faut être tolérant à l'égard des individus et ne pas juger trop vite les personnes, parce qu'elles sont probablement en voie de transformation. Par contre, je suis intransigeant et dans une protestation sans appel contre ce qui outrage le caractère sacré de la vie.

C'est à partir de nos microcosmes que l'on construira l'apaisement planétaire, en élaborant une harmonie toujours plus grande dans nos familles et dans nos couples. Chacun de nous dispose d'un espace dans lequel il est souverain et où son libre arbitre peut s'exercer pleinement. Il n'est pas d'autre force capable de donner à la vie sa plénitude et son sens de l'amour. Rappelons-nous de cette évidence.

Se changer, changer le monde

Mots-clés: step by step, photo, randonnée, chemin de stevenson, lozère

 

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Le realisateur de documentaire Guillaume Bodin au domaine de la soufrandiere à Vinzelles Guillaume Bodin

Je voulais devenir vigneron en biodynamie mais les traitements chimiques ont tout remis en question. Je me suis reconverti dans le documentaire.

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